Homélie de la messe de rentrée des étudiants 2022

ÉVANGILE DU JOUR

« Je te suivrai partout où tu iras » (Lc 9, 57-62)

Homélie par Monseigneur Delmas

" L’un des enseignements de cette page d’évangile est de nous montrer, s’il en était besoin, qu’il existe une distance immense entre Jésus et ceux qui veulent ou sont appelés à devenir ses disciples.
D’un côté, Jésus qui prend la route vers Jérusalem avec un visage déterminé et de l’autre ces trois hommes qui : soit s’engagent à la légère, soit invoquent des raisons personnelles avant de mettre leurs pas dans ceux de Jésus.

Ce récit est très utile car il nous aide à comprendre notre condition de créatures humaines bien imparfaites.
En effet, nous ressemblons à ces trois hommes. Nous voulons bien suivre Jésus comme le premier de ces hommes mais sans avoir pris la mesure que « le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête ». Même si nous savons que « notre cité réside dans les cieux », il n’en faut pas beaucoup pour nous rappeler que nous cherchons toujours des sécurités dans ce monde terrestre.
Quant aux deux autres hommes, ils nous font prendre conscience que nous mettons, nous aussi, des priorités personnelles avant de répondre à l’appel du Seigneur. C’est comme si nous disions : « oui, mais ». Il y a bien un oui mais il y a toujours un mais. Et ce mais risque d’invoquer de bonnes raisons pour ne jamais, en définitive, répondre oui.

Ainsi quand nous écoutons cet évangile sans chercher à nier la lumière qu’il jette sur notre légèreté et notre inconstance, nous grandissons dans l’humilité puisque nous faisons l’expérience de cette imperfection fondamentale qui nous caractérise.
Or, nous le croyons, Jésus est venu pour abolir cette distance et pour nous donner de communier au bonheur d’être uni à Dieu.
Est-il possible de repérer comment cette transformation peut s’opérer concrètement dans nos existences ?
Nous le ferons en prenant en compte que l’homme est ainsi fait qu’il ne peut pas du premier coup aller jusqu’au bout de l’amour pour lequel il est fait, de la vocation d’enfant de Dieu à laquelle il est appelé. La suite du Christ est un long apprentissage, un chemin jamais entièrement achevé.

Saint Irénée nous éclaire dans l’éclairage qu’il nous offre à propos de l’homme : « Dès le commencement, Dieu avait le pouvoir de donner la perfection à l’homme mais celui-ci, nouvellement créé, était incapable de la recevoir ou, l’ayant reçue de la contenir ou, s’il l’avait contenue de la garder ! C’est pourquoi le Verbe de Dieu, alors qu’il était parfait, s’est fait petit enfant avec l’homme à cause de l’état d’enfance où était l’homme, pour être saisi selon que l’homme était capable de le saisir » (Contre les hérésies, livre IV, 38,2).

Nous sommes donc déraisonnables de ne pas attendre le temps de la croissance. Si nous sommes l’ouvrage de Dieu, il nous faut attendre patiemment la main de l’Artiste qui fait toutes choses en temps opportun. Présentons-lui alors un cœur souple et docile pour que la main de notre Créateur continue d’agir en nous et nous conforme en l’image de son Fils bien aimé.

Voilà, me semble-t-il, le travail important que vous êtes appelés à faire tout au long de cette année qui s’ouvre devant vous. Je vous invite à le confier dans votre prière. Amen ! "